« Vaut mieux fréquenter des artistes que des banquiers! »

Pierre Laflamme Bedford Lofts
Pierre Laflamme | Photo : Julie Catudal, La Voix de l’Est

Quand on demande à Pierre Laflamme, propriétaire d’Impérial Lofts et de Bedford Lofts, pourquoi il aime s’entourer d’artistes et collaborer avec eux, il répond simplement : « Fréquenter des gens qui sont dans la culture, des artistes, c’est le fun! C’est stimulant. » Pour lui, la relation avec le milieu des arts est porteuse, importante, voire essentielle. « Côtoyer des artistes m’amène à repousser mes propres limites, à ne pas voir les choses juste de façon comptable, mais de façon inspirante et créative. » Bien entendu, il a des objectifs de rendement, mais il veut surtout faire du développement sensé.

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Imperial Lofts - Pierre Laflamme
Source : imperial-lofts.ca avec la permission de Pierre Laflamme
Imperial Lofts interieur - Pierre Laflamme
Source : imperial-lofts.ca avec la permission de Pierre Laflamme

« Des projets comme ceux réalisés à Détroit, à San Francisco, à Berlin m’inspirent. Dans toutes ces villes, des promoteurs, qui avaient racheté des bâtiments industriels laissés à l’abandon, ont misé sur les forces créatrices des artistes pour en faire des projets d’envergure, devenus aujourd’hui de vraies attractions touristiques et des modèles de développement. » En effet, outre une affinité avec le milieu culturel, Pierre Laflamme a aussi un intérêt marqué pour le patrimoine industriel. Heureux propriétaire d’un immeuble industriel à Bedford (Bedford Lofts), depuis 2017 et de l’Impérial à Granby depuis huit ans, il s’étonne « qu’en 2018, on démolisse encore des édifices patrimoniaux sans vraiment poser de questions! » Celui qui s’enflamme aussitôt qu’il aborde ce sujet (il aurait lui-même fait ce jeu de mots trop facile) se désole du manque flagrant de vision de plusieurs de ses homologues. « S’ils se donnaient la peine de voir comment intégrer un tel édifice au lieu de le démolir, ils verraient qu’il est possible de mobiliser et d’inspirer la population au lieu de se la mettre à dos. »

Quand M. Laflamme s’est porté acquéreur de l’Impérial, il arrivait dans un milieu où déjà son prédécesseur avait lui aussi un comportement culturellement responsable. Monsieur Gérald Scott, l’ancien propriétaire, avait accepté de travailler en collaboration avec le 3e impérial, centre d’essai en art actuel, qui avait cru au potentiel de cette bâtisse et choisissait de s’y installer, au début des années 80. « C’est le 3e impérial qui a sauvé l’Impérial. Ça aurait pu devenir un stationnement! » Sans doute reconnaissant du rôle clé qu’a joué l’organisme culturel dans la préservation de ce bâtiment patrimonial, M. Laflamme a tenu à maintenir cette présence artistique dans la bâtisse. « J’aurais pu leur dire de partir, mais ça aurait été la pire décision de relations publiques! Le 3e impérial avait réussi à créer une communauté créative autour de lui, qui habitait désormais le lieu, le rendait vivant et stimulant, je n’allais sûrement pas rejeter ça pour faire des condos. »

Bedford Lofts interieur - Pierre Laflamme
Source : bedford-lofts.ca avec la permission de Pierre Laflamme
Bedford Lofts - Pierre Laflamme
Source : bedford-lofts.ca avec la permission de Pierre Laflamme

Pour Pierre Laflamme, les projets de rénovation de bâtiments industriels représentent un défi, oui, mais un défi qu’il relève avec passion. « Je n’aime pas les bâtiments neufs; ils n’ont pas d’âme. Les bâtiments patrimoniaux ont leur histoire, on y sent les gens qui ont travaillé là avant nous. Quand j’entends “ C’est pas payant le patrimoine ”, ça me fâche! C’est un manque de curiosité et un manque total de vision. » Puis il revient avec l’exemple de Berlin… « Je sais bien que c’est à plus petite échelle, mais c’est le genre de projet [habiter un parc industriel désuet par des artistes et en faire un incontournable de la scène artistique internationale] que j’aimerais développer à Bedford. Certains des artistes et des artisans qui y ont leur atelier connaissent un réel succès, leur entreprise évolue, ils engagent maintenant des employés… Il y a un réel potentiel, que la municipalité gagnerait à appuyer. La Ville a un rôle déterminant à jouer, mais elle n’est pas facile à convaincre! » Mais il y a fort à parier que l’homme d’affaires ne baissera pas les bras.


Culture Montérégie remercie chaleureusement M. Pierre Laflamme pour cet entretien.

Mots-clés de l’entrevue : vision à long terme, volonté, passion, créatif, succès, inspiration, respect.

Cet article est lié à l’infolettre Connexion créative. Cette infolettre, envoyée aux deux mois, souhaite valoriser l’apport indispensable du milieu culturel à la qualité de vie et à la rétention de la population active dans la région. Elle présente des gens d’affaires inspirants, des relations arts-affaires gagnantes et d’autres contenus à l’intention de quiconque s’intéresse à la valeur des arts et de la culture pour un mieux-être individuel et collectif.

 

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